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Un jour j'allais sortir du boulot et ma chef Frederica me dit, effrayée, Damien, ne prends pas le métro, il y a une alerte à la bombe à Hammersmith. Je dis : « Je m'en fous, je prends le métro, je suis crevé, je veux pas me payer 3 heures de bus ». « Si tu veux on te réserve une chambre et tu passes la nuit ici » « Non, de toute façon tu verras, je vais réussir à rentrer chez moi, héhé !» Et je pars.

Je me dis « shit ».

La station était bloquée, il n'y avait plus de voitures dans les rues sauf des camions et des voitures de flics, de pompiers etc. Ça faisait du silence avec les sirènes de temps en temps. Je vais jusqu'à la station. Le centre commercial était bloqué parce qu'ils l'avaient évacué et puis une trentaine de personnes à attendre derrière un cordon de sécurité en plastique jaune genre « Do not cross ». Je me plante là avec les autres. A l'entrée du centre, à 5 mètres, un extincteur posé tout seul au milieu de l'allée. Des mecs en uniforme qui passent sous le bandeau, ne disent rien et marchent vite.

On attend, je sais pas, un quart d'heure...

Je sens mon estomac qui gargouille comme il n'a jamais gargouillé. Les gens avec moi font des têtes pas possible : le regard décidé et vide. Et puis ils enlèvent les cordons, ils ouvrent en grand le rideau de la station. Je descends sur mon quai. Le métro approche, ralenti et ne s'arrête pas. Le métro est plein de gens. Il y en a sûrement qui devaient descendre à Hammersmith. Et je vois leurs têtes qui défilent dans les vitres et leurs visages qui disent tous « Oh mon Dieu qu'est-ce qui se passe ?! » ou « Oh mon Dieu ceux qui sont sur le quai vont mourir ! »

Là c'est la crise, mon ventre gargouille de plus belle.

On attend encore 4-5 minutes...

Et puis le métro suivant arrive et je rentre chez moi.

 

©2008